06 Mar Plusieurs Romandes ont ete victimes de cyberharcelement ou d’agression sexuelle a J’ai suite d’un «match» via l’application de rencontre.
Avec courage, elles temoignent
Honte, culpabilite, ces dames victimes de violences sexuelles paraissent minimum nombreuses a denoncer les actes qu’elles ont subis. Selon une etude d’Amnesty International Suisse, seulement 8% d’entre elles ont depose une plainte penale.
Sur Tinder, en plusieurs swipes, on deniche un amoureux ou un amant de passage. Plus de 60 millions d’utilisateurs a travers le monde ont deja succombe a ce grand jeu de l’amour. Pratique pour faire de nouvelles rencontres, particulierement depuis qu’une pandemie mondiale frappe la planete, restreignant l’acces a toutes les espaces de socialisation.
Mes histoires commencent toutes de la meme maniere: avec 1 match. Parmi les profils qui defilent sous les doigts, on selectionne ceux qui nous plaisent, et si l’interet est reciproque, l’explication s’engage. Mais pour quelques personnes, le cauchemar s’immisce deja dans les mots: des propos sexuels, des insultes. L’application peut devenir le pendant du harcelement de rue, sauf que l’agresseur nous poursuit, sans fin, a travers l’ecran du smartphone. Pour d’autres, l’enfer commence un coup la frontiere du digital franchie, au cours d’un rendez-vous avec l’inconnu.
Nous avons rencontre sept jeunes femmes victimes de cyberharcelement, d’atteinte sexuelle ou de viol, d’une part d’hommes rencontres sur Tinder. Elles temoignent de leur colere, de leur culpabilite, des sequelles psychologiques, du sentiment d’illegitimite a mettre plainte, puis de l’inquietude qu’elles eprouvent a l’egard du systeme judiciaire. Selon une enquete d’Amnesty International, 59% des Suissesses ont experimente des etreintes ou des baisers non souhaites. 22% ont declare avoir subi des actes sexuels non consentis. Pourtant, bien peu de victimes signalent ces agressions. Et encore moins d’auteurs seront punis.
Le fardeau d’une culpabilite
«Peu de victimes d’agression sexuelle portent plainte, parce qu’elles se sentent honteuses et coupables, explique le psychologue FSP Daniel Stern. Ca decoule notamment d’une construction sociale.» L’expert observe un avant et un apres le mouvement #MeToo. «Auparavant, la honte etait systematiquement le fardeau en victime. Elle l’a cherche. Et d’apri?s la definition du viol dans la loi, si celle-ci ne se defend gui?re, l’agression n’est nullement consideree comme un viol.» Pourtant, Daniel Stern rappelle que la toute premiere reaction d’une personne agressee est la paralysie. «Etre tetanisee, ou l’experience dissociative, devrait prouver, au contraire, la gravite d’une agression.» Depuis plusieurs annees, avec la liberation d’la parole des femmes, un autre regard pese concernant le phenomene banalise une predation sexuelle.
«Si la reforme du Code penal, en cours, introduit la notion de consentement, c’est une premiere etape vers un progres», se rejouit le psychologue.
Cette construction sociale complexe affecte les femmes, mais egalement des hommes. «La culture patriarcale dominante conduit certains hommes a affirmer que ce qu’ils pratiquent dans l’intimite, sans le consentement de leur mari, est normal et qu’il s’agit ni plus ni moins de un bon droit, explique Daniel Stern. On a besoin de reformes pour les deux genres, mais pour que les femmes prennent du i?tre capable de – car on reste bien dans un rapport de force ainsi que pouvoir dans une position d’agression sexuelle – les hommes doivent accepter d’en ceder.»
La responsabilite de Tinder
Mais pourquoi aller a la rencontre de parfaits inconnus? C’est le pari de l’application: celui d’une confiance entre deux etres. Tinder utilise d’ailleurs cette nouvelle dynamique de l’amour, renforcee par la pandemie de Covid-19, pour nous rendre accros.
«Les reseaux sociaux utilisent une fonctionnement psychologique, ils agissent dans le meme principe que des substances addictives», precise Daniel Stern.
C’est aussi la situation Afin de Tinder: on enchaine les swipes, les likes et les matches. Et quand l’echange ou la retrouve se passe mal, l’application evacue des problemes, voire privilegie – vraisemblablement sans le vouloir – l’interet de l’agresseur. L’option de signalement reste inutile: aussi si le compte d’un predateur termine via etre supprime, celui-ci peut se reinscrire avec un autre numero de telephone. L’entreprise Match Group, a laquelle appartient Tinder, reste connue pour son fonctionnement opaque. Complexe de pointer du doigt la plateforme lorsqu’une agression sexuelle a lieu. D’ailleurs, aucune de des temoins ne reproche a l’app sa responsabilite dans leur mesaventure. Elles ont continue a l’utiliser, ainsi, diverses y ont meme rencontre l’amour. On voit bien de l’espoir.
Attention: nos recits qui suivent contiennent des experiences violentes qui peuvent heurter quelques sensibilites.
Elise*, 27 ans: «Il ne se rend nullement compte qu’il a ete trop loin»
En 2016, Elise etait encore etudiante a l’Universite de Fribourg. Notre petit cousine matche avec Carlos* via Tinder. «On a beaucoup discute, le courant est vite passe.» Lors d’un rendez-vous, un soir d’ete, ils se baladent a Lausanne. «Il m’attire derriere un buisson, raconte-t-elle. Il force a le masturber, a lui faire une fellation. Cela enfile sa main dans ma culotte. Je ne voulais pas, j’ai tente de le repousser, mais il a insiste.» Elise est prise au piege. «J’ai pleure pendant tout la route du retour en train.» Carlos continue d’ecrire a la jeune cousine pour prendre de ses nouvelles. «Il ne se rend nullement compte qu’il fut trop loin.» Elle met du temps a voir l’acte comme une agression. «Je me suis sentie sale, mais aussi coupable. Me refuser a votre garcon alors qu’il s’interessait a moi… quelque chose me disait que j’aurais du l’accepter.»
Quelques mois plus tard, Elise matche avec Lancelot* sur Tinder. «Nous avions une relation intellectuelle, de longs debats engages.» Lors d’un rendez-vous, il se rend chez Elise. Lancelot la contraint a un rapport sexuel sans preservatif. «J’ai essaye de le stopper, il est trop extri?mement. Ensuite, j’ai craint des consequences, nos IST. Rassurez-vous, je prenais la pilule.» L’etudiante le confronte. Lui s’excuse, se justifie. «Est-ce que j’etais deja amoureuse? Je ne sais jamais. Mais j’ai pardonne et nous nous sommes engages dans une relation.» Ancien toxicomane, Lancelot devient violent, verbalement, physiquement. «Je https://www.besthookupwebsites.org/fr/daddyhunt-review/ me suis extirpee de cette relation toxique grace a mon meilleur ami.» Mes gestes brusques font bien peur a Elise aujourd’hui. Mais elle n’a jamais songe a porter plainte. «D’autres femmes vivent probablement des situations pires que moi.»
Toujours en 2016, Richard* l’ajoute sur Facebook et engage la conversation en affirmant l’avoir likee sur Tinder. Cela lui propose un resto. Occupee via ses examens, Elise decline. «Il n’a nullement insiste, mais il a installe des questions sur la bibliotheque ou je travaillais. Prochainement je recois le message «tu es jolie quand tu etudies». Je ne comprends gui?re. Il m’envoie alors une photo de moi, a la bibliotheque.» Elise a tres peur. «Il m’a reproche d’etre part et n’a jamais compris que votre qu’il a fait etait i fond.»
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